Avec le développement du Web3 et des cryptomonnaies, un nombre croissant d’investisseurs et de professionnels se trouvent confrontés à une question cruciale : les revenus Web3 doivent-ils être imposés ? Il s’agit d’une problématique juridique complexe, impliquant les réglementations fiscales de différentes juridictions, la nature des revenus ainsi que le partage international d’informations fiscales. Cet article propose un aperçu synthétique des obligations fiscales afférentes, en s’appuyant sur les principales dispositions du droit fiscal chinois et les spécificités des activités Web3.
1. Revenus Web3 et réglementation fiscale en Chine
En Chine, l’obligation de déclarer et d’imposer les revenus perçus à l’étranger est sans équivoque. D’une part, le pays a établi un cadre juridique complet pour la taxation des revenus étrangers ; d’autre part, l’essor des mécanismes internationaux de partage d’informations fiscales rend toute dissimulation de revenus étrangers pratiquement impossible pour les résidents. Depuis 1998, la Chine a progressivement clarifié les règles d’imposition des revenus étrangers des résidents, avec pour base le « Règlement provisoire sur la gestion de l’impôt sur le revenu des particuliers pour les revenus étrangers », posant ainsi les fondations d’un système fiscal complet sur ces revenus. En 2020, l’Administration fiscale d’État a publié l’Avis n°3, précisant davantage la portée des revenus étrangers et les modalités de gestion. En 2025, la publication du « Règlement sur la gestion du règlement annuel de l’impôt sur le revenu global des particuliers » réaffirme l’obligation de déclaration conforme des revenus étrangers et renforce la surveillance de ces flux, notamment pour les revenus issus des cryptomonnaies et du Web3. Grâce à l’utilisation du big data et des technologies intelligentes, les autorités fiscales sont désormais capables d’identifier avec une grande précision les revenus étrangers non déclarés.
Du point de vue du partage international d’informations fiscales, en 2014, l’OCDE a lancé la norme d’échange automatique d’informations sur les comptes financiers, connue sous les sigles AEOI et CRS. L’AEOI résout la question de l’échange d’informations entre autorités fiscales, tandis que le CRS organise la collecte et la transmission de ces données par les institutions financières. La Chine s’est engagée à rejoindre ce système en 2014 et a commencé, dès 2018, à échanger officiellement des informations sur les comptes financiers des non-résidents. Selon le CRS, les autorités fiscales chinoises peuvent désormais obtenir toutes sortes d’informations clés détenues à l’étranger par les résidents chinois : nom, adresse, numéro d’identification fiscale, solde des comptes, intérêts, dividendes, plus-values, etc., et ce, quelle que soit l’institution (banques, courtiers, assurances, trusts…). À ce jour, la Chine échange automatiquement ces données avec plus d’une centaine de pays et régions, dont le Royaume-Uni, Singapour, la Suisse et d’autres centres financiers majeurs. Cela constitue une base de données cruciale pour la supervision fiscale et permet d’identifier précisément les revenus étrangers non déclarés.
2. Identification du statut fiscal et traitement des différents revenus Web3
(1) Identification du statut fiscal
L’élément clé pour déterminer l’obligation de déclarer les revenus étrangers selon le droit fiscal chinois est le statut de résident fiscal. Selon le « Règlement d’application de la Loi sur l’impôt sur le revenu des particuliers », toute personne considérée comme résident fiscal chinois doit déclarer l’ensemble de ses revenus, y compris salaires, revenus de services, gains d’investissement perçus à l’étranger. Cela signifie que, qu’il s’agisse de salaires provenant de projets Web3 étrangers ou d’intérêts et de récompenses de mining sur des plateformes DeFi, ces revenus sont potentiellement imposables.
Le statut de « résident fiscal chinois » s’apprécie selon deux critères : la notion de « domicile » et le nombre de jours de présence.
1 Présence d’un domicile en Chine : désigne toute personne qui, en raison de son inscription au registre des ménages, de liens familiaux ou d’intérêts économiques, réside habituellement en Chine. Même en cas de résidence ou de travail prolongé à l’étranger, le maintien de liens familiaux ou du registre domiciliaire peut entraîner la qualification de résident.
2 Présence de plus de 183 jours en Chine : toute personne ayant séjourné au moins 183 jours sur le territoire chinois au cours d’une année fiscale (du 1er janvier au 31 décembre) est considérée comme résident, même sans domicile.
Pour la grande majorité des citoyens chinois vivant et travaillant durablement en Chine, le statut de résident fiscal s’applique, impliquant une obligation de déclaration mondiale de l’ensemble des revenus, y compris ceux de l’étranger.
(2) Traitement des différents revenus Web3
Les revenus Web3 revêtent de multiples formes. Le droit fiscal chinois n’ayant pas encore instauré de catégorie spécifique pour les actifs cryptographiques, il convient de les classer selon leur « nature » dans le système fiscal existant. On distingue ainsi plusieurs grandes catégories de revenus Web3, chacune faisant l’objet d’un traitement fiscal particulier :
1 Revenus de salaire : lorsqu’une personne occupe un poste de développement, de gestion, etc. au sein d’un projet Web3 étranger et perçoit des USDT ou des tokens comme rémunération via une adresse on-chain, ces revenus sont généralement assimilés à des « salaires » et doivent être déclarés à l’impôt sur le revenu des particuliers. Si l’employeur a déjà retenu une partie de l’impôt à la source, un mécanisme de crédit d’impôt peut s’appliquer.
2 Revenus DeFi : les intérêts, récompenses de mining de liquidité, etc. obtenus via des protocoles DeFi peuvent être considérés comme des « revenus d’activité indépendante » ou des « autres revenus ». Si l’investisseur ajuste fréquemment ses stratégies ou pratique l’arbitrage, ces revenus pourraient être requalifiés en revenus d’activité indépendante, avec des modalités d’imposition spécifiques.
3 Tokens issus d’airdrops : les tokens attribués gratuitement par les DAO aux contributeurs sont généralement considérés comme des « gains occasionnels » ou « autres revenus ». Compte tenu de leur volatilité et de leur liquidité, l’administration fiscale calcule habituellement le revenu imposable selon la valeur de marché au moment de la réception du token.
3. Comment s’y préparer : la gestion fiscale des revenus Web3
Pour les professionnels du Web3, anticiper les problématiques fiscales et planifier en amont est crucial pour éviter les risques futurs. D’abord, il convient d’assurer l’exhaustivité des déclarations de revenus, en tenant compte de la volatilité et de la diversité des revenus générés dans les projets Web3 et en cryptomonnaies, ce qui requiert un enregistrement précis de chaque transaction au moment où elle a lieu. Ensuite, il est important de bien comprendre les méthodes de calcul et de déclaration pour chaque type de revenu, notamment la gestion comptable des périodes de blocage des tokens, des taux de conversion et des pertes. Enfin, il est conseillé de consulter régulièrement des experts fiscaux afin d’obtenir des réponses professionnelles, et d’éviter tout risque fiscal résultant d’une information incomplète ou d’une mauvaise interprétation des règles fiscales.
Conclusion
Avec l’évolution du contexte réglementaire mondial, les obligations fiscales des professionnels et investisseurs du Web3 deviennent de plus en plus claires. Même si la fiscalité des actifs cryptographiques et des revenus Web3 diffère selon les pays et régions, il ne faut pas sous-estimer la tendance à la transparence fiscale internationale, qui facilite le traçage de ces revenus. Les acteurs du Web3 doivent donc se préparer activement, s’informer des évolutions fiscales, recourir à des conseils professionnels et mettre en place une conformité rigoureuse afin d’éviter tout risque fiscal à l’avenir.
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Les revenus Web3 doivent-ils être imposés en Chine ?
Avec le développement du Web3 et des cryptomonnaies, un nombre croissant d’investisseurs et de professionnels se trouvent confrontés à une question cruciale : les revenus Web3 doivent-ils être imposés ? Il s’agit d’une problématique juridique complexe, impliquant les réglementations fiscales de différentes juridictions, la nature des revenus ainsi que le partage international d’informations fiscales. Cet article propose un aperçu synthétique des obligations fiscales afférentes, en s’appuyant sur les principales dispositions du droit fiscal chinois et les spécificités des activités Web3.
1. Revenus Web3 et réglementation fiscale en Chine
En Chine, l’obligation de déclarer et d’imposer les revenus perçus à l’étranger est sans équivoque. D’une part, le pays a établi un cadre juridique complet pour la taxation des revenus étrangers ; d’autre part, l’essor des mécanismes internationaux de partage d’informations fiscales rend toute dissimulation de revenus étrangers pratiquement impossible pour les résidents. Depuis 1998, la Chine a progressivement clarifié les règles d’imposition des revenus étrangers des résidents, avec pour base le « Règlement provisoire sur la gestion de l’impôt sur le revenu des particuliers pour les revenus étrangers », posant ainsi les fondations d’un système fiscal complet sur ces revenus. En 2020, l’Administration fiscale d’État a publié l’Avis n°3, précisant davantage la portée des revenus étrangers et les modalités de gestion. En 2025, la publication du « Règlement sur la gestion du règlement annuel de l’impôt sur le revenu global des particuliers » réaffirme l’obligation de déclaration conforme des revenus étrangers et renforce la surveillance de ces flux, notamment pour les revenus issus des cryptomonnaies et du Web3. Grâce à l’utilisation du big data et des technologies intelligentes, les autorités fiscales sont désormais capables d’identifier avec une grande précision les revenus étrangers non déclarés.
Du point de vue du partage international d’informations fiscales, en 2014, l’OCDE a lancé la norme d’échange automatique d’informations sur les comptes financiers, connue sous les sigles AEOI et CRS. L’AEOI résout la question de l’échange d’informations entre autorités fiscales, tandis que le CRS organise la collecte et la transmission de ces données par les institutions financières. La Chine s’est engagée à rejoindre ce système en 2014 et a commencé, dès 2018, à échanger officiellement des informations sur les comptes financiers des non-résidents. Selon le CRS, les autorités fiscales chinoises peuvent désormais obtenir toutes sortes d’informations clés détenues à l’étranger par les résidents chinois : nom, adresse, numéro d’identification fiscale, solde des comptes, intérêts, dividendes, plus-values, etc., et ce, quelle que soit l’institution (banques, courtiers, assurances, trusts…). À ce jour, la Chine échange automatiquement ces données avec plus d’une centaine de pays et régions, dont le Royaume-Uni, Singapour, la Suisse et d’autres centres financiers majeurs. Cela constitue une base de données cruciale pour la supervision fiscale et permet d’identifier précisément les revenus étrangers non déclarés.
2. Identification du statut fiscal et traitement des différents revenus Web3
(1) Identification du statut fiscal
L’élément clé pour déterminer l’obligation de déclarer les revenus étrangers selon le droit fiscal chinois est le statut de résident fiscal. Selon le « Règlement d’application de la Loi sur l’impôt sur le revenu des particuliers », toute personne considérée comme résident fiscal chinois doit déclarer l’ensemble de ses revenus, y compris salaires, revenus de services, gains d’investissement perçus à l’étranger. Cela signifie que, qu’il s’agisse de salaires provenant de projets Web3 étrangers ou d’intérêts et de récompenses de mining sur des plateformes DeFi, ces revenus sont potentiellement imposables.
Le statut de « résident fiscal chinois » s’apprécie selon deux critères : la notion de « domicile » et le nombre de jours de présence.
1 Présence d’un domicile en Chine : désigne toute personne qui, en raison de son inscription au registre des ménages, de liens familiaux ou d’intérêts économiques, réside habituellement en Chine. Même en cas de résidence ou de travail prolongé à l’étranger, le maintien de liens familiaux ou du registre domiciliaire peut entraîner la qualification de résident.
2 Présence de plus de 183 jours en Chine : toute personne ayant séjourné au moins 183 jours sur le territoire chinois au cours d’une année fiscale (du 1er janvier au 31 décembre) est considérée comme résident, même sans domicile.
Pour la grande majorité des citoyens chinois vivant et travaillant durablement en Chine, le statut de résident fiscal s’applique, impliquant une obligation de déclaration mondiale de l’ensemble des revenus, y compris ceux de l’étranger.
(2) Traitement des différents revenus Web3
Les revenus Web3 revêtent de multiples formes. Le droit fiscal chinois n’ayant pas encore instauré de catégorie spécifique pour les actifs cryptographiques, il convient de les classer selon leur « nature » dans le système fiscal existant. On distingue ainsi plusieurs grandes catégories de revenus Web3, chacune faisant l’objet d’un traitement fiscal particulier :
1 Revenus de salaire : lorsqu’une personne occupe un poste de développement, de gestion, etc. au sein d’un projet Web3 étranger et perçoit des USDT ou des tokens comme rémunération via une adresse on-chain, ces revenus sont généralement assimilés à des « salaires » et doivent être déclarés à l’impôt sur le revenu des particuliers. Si l’employeur a déjà retenu une partie de l’impôt à la source, un mécanisme de crédit d’impôt peut s’appliquer.
2 Revenus DeFi : les intérêts, récompenses de mining de liquidité, etc. obtenus via des protocoles DeFi peuvent être considérés comme des « revenus d’activité indépendante » ou des « autres revenus ». Si l’investisseur ajuste fréquemment ses stratégies ou pratique l’arbitrage, ces revenus pourraient être requalifiés en revenus d’activité indépendante, avec des modalités d’imposition spécifiques.
3 Tokens issus d’airdrops : les tokens attribués gratuitement par les DAO aux contributeurs sont généralement considérés comme des « gains occasionnels » ou « autres revenus ». Compte tenu de leur volatilité et de leur liquidité, l’administration fiscale calcule habituellement le revenu imposable selon la valeur de marché au moment de la réception du token.
3. Comment s’y préparer : la gestion fiscale des revenus Web3
Pour les professionnels du Web3, anticiper les problématiques fiscales et planifier en amont est crucial pour éviter les risques futurs. D’abord, il convient d’assurer l’exhaustivité des déclarations de revenus, en tenant compte de la volatilité et de la diversité des revenus générés dans les projets Web3 et en cryptomonnaies, ce qui requiert un enregistrement précis de chaque transaction au moment où elle a lieu. Ensuite, il est important de bien comprendre les méthodes de calcul et de déclaration pour chaque type de revenu, notamment la gestion comptable des périodes de blocage des tokens, des taux de conversion et des pertes. Enfin, il est conseillé de consulter régulièrement des experts fiscaux afin d’obtenir des réponses professionnelles, et d’éviter tout risque fiscal résultant d’une information incomplète ou d’une mauvaise interprétation des règles fiscales.
Conclusion
Avec l’évolution du contexte réglementaire mondial, les obligations fiscales des professionnels et investisseurs du Web3 deviennent de plus en plus claires. Même si la fiscalité des actifs cryptographiques et des revenus Web3 diffère selon les pays et régions, il ne faut pas sous-estimer la tendance à la transparence fiscale internationale, qui facilite le traçage de ces revenus. Les acteurs du Web3 doivent donc se préparer activement, s’informer des évolutions fiscales, recourir à des conseils professionnels et mettre en place une conformité rigoureuse afin d’éviter tout risque fiscal à l’avenir.